Aujourd’hui encore, dans de nombreux environnements professionnels, les règles restent un sujet tabou. Malgré les avancées en matière d’égalité, de santé et de bien-être au travail, les menstruations sont souvent ignorées, minimisées ou stigmatisées. Pourtant, près de la moitié de la population en âge de travailler est concernée chaque mois par cette réalité biologique. Il est donc essentiel de briser les silences, démanteler les idées reçues et intégrer la gestion des règles comme un enjeu de santé, de dignité et d’égalité au travail.
Pourquoi les règles sont-elles encore un tabou au travail ?
Le silence autour des règles au travail a des racines profondes : culture patriarcale, manque d’éducation, peur de la gêne sociale ou encore mauvaise compréhension des impacts physiques. Beaucoup craignent que parler de symptômes comme les douleurs, la fatigue ou les saignements soit perçu comme un signe de faiblesse. Cette invisibilisation :
- renforce les stéréotypes négatifs,
- empêche les personnes concernées de demander des aménagements,
- et contribue à une mauvaise santé menstruelle globale.
Or, ignorer cette réalité n’élimine pas les besoins — cela les masque simplement.
Les conséquences du tabou sur la santé et la performance
Quand les personnes ne se sentent pas à l’aise de parler de leurs règles, elles peuvent hésiter à demander des pauses, des ajustements de tâches ou même prendre un jour de repos lorsqu’elles en ont besoin. Cette réticence peut mener à :
- une augmentation du stress,
- une baisse de performance due à la douleur ou à la fatigue,
- une détérioration de la santé physique et mentale,
- et une impression d’isolement ou de honte.
Dans un monde du travail qui valorise la productivité à tout prix, ignorer les besoins physiologiques revient à exclure une partie importante de la population.
Intégrer une approche inclusive des règles en entreprise
La bonne nouvelle, c’est que des solutions simples et efficaces existent pour créer un environnement de travail plus ouvert, sûr et inclusif. Il s’agit d’actions qui montrent que l’entreprise se soucie du bien-être de ses employé·es, sans stigmatisation.
1. Éducation et sensibilisation
La première étape pour briser le tabou est l’éducation. Organiser des ateliers ou des séances d’information sur la santé menstruelle permet de :
- normaliser les règles comme une fonction biologique naturelle,
- corriger les idées fausses,
- encourager l’empathie et la compréhension des collègues.
Cela ne doit pas être réservé uniquement à un public féminin ou menstrué : tous les employé·es gagnent à comprendre cette réalité.
2. Communication ouverte et bienveillante
Encourager une culture où il est normal de parler de ses besoins de santé — y compris des règles — est essentiel. Cela peut passer par :
- des messages de direction valorisant l’ouverture,
- des politiques internes claires disant que demander un aménagement pour raison de santé est acceptable,
- des leaders qui montrent l’exemple en parlant sans gêne de sujets liés à la santé.
Plus les conversations seront ouvertes, plus le tabou se dissipera.
3. Accès facile aux protections hygiéniques
Un geste concret qui montre l’engagement d’une entreprise envers la santé menstruelle est de fournir des protections hygiéniques gratuitement et discrètement dans les toilettes et espaces communs. Cela inclut des solutions comme les distributeurs automatiques pour que chacun·e puisse se servir sans jugement.
👉 Par exemple, un distributeur serviette hygiénique bien placé dans les toilettes peut transformer une politique bien-être en action tangible. Ces distributeurs assurent un accès facile, propre et discret aux protections nécessaires, éliminant une source de stress inutile pendant la journée de travail.
4. Adopter des politiques flexibles
Donner aux employé·es de la flexibilité — que ce soit pour un horaire, une pause supplémentaire, ou une option de télétravail — peut aider celles qui souffrent de symptômes menstruels sévères. Les politiques de bien-être au travail doivent inclure des ajustements pour des conditions telles que :
- les douleurs menstruelles sévères,
- l’endométriose,
- le syndrome prémenstruel (SPM) intense.
Reconnaître ces besoins de manière formelle protège autant l’employé·e que l’entreprise, qui montre ainsi qu’elle valorise la santé avant tout.
Témoignages et impacts positifs
Des entreprises pionnières qui ont intégré une approche inclusive des règles au travail témoignent d’un climat de confiance renforcé et d’une réduction de l’absentéisme. Lorsqu’une organisation prend au sérieux ce sujet, elle envoie un message fort : la santé de chacun·e compte.
Des employé·es rapportent qu’ils/elles se sentent plus à l’aise de discuter de leurs besoins, ce qui aide à développer un environnement de travail collaboratif et empathique. Quand on élimine la honte, on laisse place à une meilleure santé, une meilleure productivité et une culture d’entreprise plus humaine.
Conclusion : un changement culturel nécessaire
Briser le tabou des règles au travail ne se fera pas du jour au lendemain. Cela demande une volonté organisationnelle, une communication transparente et des actions concrètes. Mais chaque pas compte.
En combinant éducation, amélioration des infrastructures (comme des distributeurs serviette hygiénique), politiques inclusives et communication bienveillante, les entreprises peuvent contribuer à normaliser un sujet qui affecte des millions de personnes chaque mois.
Rappeler que les règles ne sont pas un signe de faiblesse, mais une réalité physiologique normale, c’est promouvoir l’égalité, la santé et le respect dans l’espace professionnel. C’est un changement qui bénéficie à tout le monde — employé·es comme employeurs — et qui reflète une vision moderne, juste et humaine du monde du travail.

